Deux nouveaux abattoirs brésiliens et un nouvel abattoir allemand viennent de se voir fermer les frontières de la Chine parce qu’ils ont déclaré des cas de Covid-19 parmi leurs salariés. Les restrictions chinoises s’étendent désormais à neuf pays exportateurs de viande. La liste des abattoirs étrangers qui n’exportent plus vers la Chine s’allonge. Depuis la recrudescence de la pandémie en Chine le mois dernier autour d’un marché alimentaire de Pékin, où l’on a retrouvé des traces du virus sur une planche de découpe de saumon importé, les autorités chinoises sont de plus en plus tatillonnes avec les exportateurs de poisson mais aussi de viande. Aucune trace de virus dans la viande importée Elles ont réalisé 50 000 prélèvements dans les cargaisons débarquées. Les tests ont beau se révéler négatifs, les organisations internationales, FAO et OMS, ont beau rappeler qu’il n’y a aucun indice de transmission du coronavirus de la nourriture à l’homme, la Chine demande à ses fournisseurs de signer un document attestant que les marchandises ne sont pas contaminées par le virus. Les abattoirs au Brésil ont obtempéré, la Chine étant leur premier marché. Mais cela n’a pas empêché au moins cinq usines des géants brésiliens Marfrig, Agra ou JBS de voir leurs exportations de porc, de bœuf ou de volaille suspendues vers la Chine. Abattoirs du Brésil et d’Europe particulièrement visés Le Brésil est effectivement l’un des pays où le personnel des abattoirs est très touché par le coronavirus. Mais le Covid-19 a aussi fait des ravages dans les abattoirs des États-Unis. Or curieusement, une seule usine américaine de volaille, Tyson Foods, s’est vu barrer la route du marché chinois. Ce sont surtout les abattoirs du Brésil et d’Europe qui sont visés, dont trois abattoirs allemands, quatre néerlandais, deux britanniques… Pour l’instant, les abattoirs français, très peu touchés par le Covid-19, sont épargnés par les restrictions chinoises. Outil de négociation ? L’argument sanitaire pourrait donc être un prétexte pour Pékin. L’occasion d’importer moins de viande du Brésil et plus des États-Unis pour respecter les engagements de l’accord de phase 1 avec Washington. L’occasion de diviser les Européens pour mieux régner dans l’UE, notamment sur la 5G. Et l’occasion de peser sur les prix, alors qu’en Chine ceux du porc se sont un peu calmé, que la demande chinoise est en baisse et que la Chine a déjà procédé à des achats record au cours des cinq premiers mois de l'année. Le protectionnisme sanitaire est souvent, comme le rappelle l’expert Jean-Paul Simier, une arme de négociation diplomatique et commerciale.
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