La compagnie avait lancé les États-Unis dans l’aventure de la fracturation hydraulique. Mais Chesapeake n’a pas résisté au coup porté par le coronavirus au prix du pétrole et du gaz. Le groupe, surendetté, s’est mis sous la protection de la loi sur les faillites. La faillite de Chesapeake est celle d'un pionnier de la fracturation horizontale et hydraulique aux États-Unis. Fondée en 1989, entrée en bourse en 1993, la petite société met en œuvre cette nouvelle technologie dans le bassin des Marcellus Shale au milieu des années 2000, grâce à l'envolée des prix des hydrocarbures. La production de gaz et de gaz associé aux huiles de pétrole est multipliée par cinq en 2009, par huit en 2014. Chesapeake devient le 3e producteur de gaz des États-Unis. La même année le pays devient le premier producteur de pétrole au monde, devant l’Arabie saoudite et la Russie. Folie des grandeurs Mais cette révolution pétrolière et gazière s’est faite au prix d’un endettement très lourd. Achats de permis de la Pennsylvanie au Texas, investissement dans l’immobilier, le basket, le vin… La société d’Oklahoma City a la folie des grandeurs, son premier PDG Aubrey McClendon parvient à vendre aux investisseurs des perspectives de production toujours plus grandes. Mort dans un accident de voiture quelques jours après avoir été mis en cause par la justice pour malversations foncières, il est remplacé par Doug Lawler, qui certes diminue les dépenses, mais qui choisit d'investir davantage dans le pétrole, juste avant le premier plongeon des cours du brut en 2014. Avec le Covid-19, 8 milliards de dollars au premier trimestre 2020, l'action Chesapeake plonge de 93%. La compagnie ne peut pas payer son échéance du mois de juin aux créanciers. Dette gelée Est-ce la mort de Chesapeake et des gaz et pétrole de schiste ?Non, si les États-Unis ont diminué la voilure d’au moins 2 millions de barils jour, ils restent les premiers producteurs au monde. Et Chesapeake, grâce au chapitre 11 de la loi sur les faillites, suspend le paiement de sa dette, le temps de se renflouer en vendant une partie de ses actifs. La compagnie peut continuer à produire, même si c’est au ralenti. Les investisseurs échaudés ne vont sans doute pas se jeter sur les nouvelles actions Chesapeake, mais il y a toujours de nouveaux entrants qui espèrent gagner en achetant des titres au plus bas. En attendant que les cours du WTI repassent au-dessus des 45 dollars, le seuil de rentabilité des pétroles de schiste américains.
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