Le dossier de la pêche continue de bloquer les négociations sur le Brexit, qui reprennent cette semaine entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Les règles européennes de la pêche s’appliquent jusqu’à la fin de l’année au Royaume-Uni, qui a quitté l’Union en janvier. Mais les pêcheurs européens ignorent toujours quel sera leur sort en 2021. Auront-ils encore accès aux eaux britanniques ? Rien n’est moins sûr. Or ce sont les plus poissonneuses d’Europe. La géologie sous-marine a doté le Royaume-Uni d’un plateau continental beaucoup plus vaste que ses voisins, et il accueille de plus en plus d’espèces de poissons à mesure que les eaux se réchauffent plus au sud. 60 % du poisson des eaux britanniques pêché par les Européens Cabillaud, maquereau, merlan, thon, hareng, sole ou bar… Au total, près de 60 % des captures effectuées dans la zone économique exclusive britannique sont faites par les flottes d’autres pays de l’Union européenne, en premier lieu la Belgique, l’Irlande, le Danemark, les Pays-Bas, l’Allemagne et la France. Le port français de Lorient dépend à 50 % des eaux britanniques, celui de Boulogne à 70 %. Héritage de pratiques de pêche séculaires, qui ont été respectées dans la répartition de la zone économique exclusive européenne, quand le Royaume-Uni a rejoint la communauté européenne en 1973. Une politique commune de la pêche qui a aussi permis une meilleure gestion des stocks de poisson en péril. Enjeu plus politique qu’économique au Royaume-Uni Londres veut retrouver toute sa souveraineté sur ses ressources halieutiques. Un enjeu plus politique qu’économique : la pêche ne pèse que 0,1 % du PIB britannique, 800 millions d’euros contre 145 milliards pour les services financiers. Mais Boris Johnson a promis aux pêcheurs britanniques de réparer ce qu’il qualifie d’injustice, à savoir que le Royaume-Uni pêche 6 à 8 fois moins de poisson dans ses propres eaux que ses partenaires de l’Union européenne. Londres propose de redéfinir tous les ans les droits de pêche dans les deux zones économiques exclusives, britannique et européenne, comme l’Union européenne le fait avec la Norvège pour quatre espèces de poissons, quand il y a en une centaine avec le Royaume-Uni. La menace des droits de douane Pour l’instant, les Européens refusent de céder. Ils exigent le maintien du statu quo pour les pêcheurs européens, et ils ne veulent pas séparer ce dossier du reste des négociations commerciales. Car ils savent que Londres craint le retour des droits de douane, y compris dans le domaine de la pêche. Le Royaume-Uni exporte la majorité de son poisson, et aux trois quarts, vers l’Union européenne !
Comentarios